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notes

Wednesday 31 December 2008
Ëlle est morte, je l'ai tuée en moi avec le sort qu'il convient de réserver aux sorcières.
Long voyage, avec pour objet la question du désir; là, au loin à l'Est.
Son coeur de toute manière était déjà charbon.

M'entourer de petites muses
Dont les yeux souvent clairs s'ouvrent toujours en grand, et s'ornent de pépites




Je me laisse porter, dépossédé et las, dans le picotement à peine plus perceptible des actes tragiques des unes.
Ange, tu n'as plus de sexe.

C'est peut-être soudain, dans les fumées blanches et les basses rondes qui font bondir les ventres à l'unisson, aux milieu des sourires perlés de sueur, que l'on se donne pour de vrai. Au théâtre de la superficialité, où viennent se jouer les paraître et se miser aux enchères les expectatives fabuleuses de tous les timides, ici le plus piètre des danseurs sait qu'il devient sincère à l'instant où son corps lui échappe et devient la marionnette du rythme. Et l'extase presque, quand le bonheur incontrôlé nous fend la face en air de bon idiot et le museau se tend vers le ciel pour dire merci, mon Ciel, mon Dieu, mes Rampes de Spots.
Dans les brumes opaques et le crépitement des flashs ton visage disparaît, tu parviens je ne sais comment à deviner sur mes lèvres un "tu es où?" aussi fasciné qu'inquiet, alors tu surgis, radieuse, des nuages et tes deux mains se plaquent parfaitement aux deux miennes et les tiennent écartées c'est l'instant que j'aime le mieux... mais sans savoir qu'en faire...



je n'attendais rien qu'un gros chanteur de gospel américain venu me conter Brighter Day, et il était là au centuple, le rond Kenny et sa voix fluette aux messages de paix, et puis ses grosses mains qui tiennent alors les miennes

Mercredi 31 - Dernier rêve de l'année

Nous nous retrouvons dans ce bâtiment gris, plutôt désert, comme après le travail gris d'une journée grise et normale. Nous avons beaucoup à nous dire, après tout ce temps, mais nous sommes prudents l'un envers l'autre. C'est normal puisque nous nous connaissons si peu, mais si bien au fond, et ce moment nous l'attendions comme une évidence des desseins, sans connaître l'heure de sa venue. Nous parlons comme deux amis, sincères et attentifs, et notre calme me plaît. L'instant se prolonge dans les dédales gris, et ta présence s'intensifie jusqu'au moment ou l'inconscient s'emballe et que tout dérape. L'immeuble se rétrécit jusqu'à cette maison de campagne délabrée, mais sereine, au milieu des arbres, c'est une après-midi d'une étrange lumière jaune. Le vent se met à souffler en tempête, les portes sous la poussée menacent d'exploser. Je contient tout ce que je peux, forçant tel un titan sous le poids de l'ouragan qui menace par toutes les ouvertures de violer la quiétude de son sommeil, dans la pièce adjacente, sur le canapé de fer forgé.
Dans ma lutte elle surgit alors, toute menue sous l'étoffe légère, embuée de sommeil elle frotte ses yeux et s'enquiert des événements qui lui semblent étranges. Je tais comme je peux la souffrance de ma lutte, et là elle vient enserrer mon grand dos de ses bras candides et pleins de l'indolence de la sieste. Alors mes muscles cèdent et la porte vole en éclat, et les rayons aveuglants d'un soleil immense de mois de Juillet envahissent la pièce comme un bonheur violent. Il pleut des éclats de rires.
Nous partons dans un élan délirant. Elle veux m'emmener au cinéma, elle a choisi le film et le lieu. Nous voici à Rome et le cinéma est un palais immense où se presse la foule par milliers. Les billets qu'elle choisit sont pour Clockwork Orange, dans la plus petite des salles, là-bas au fond. J'ai du mal à tenir mon ticket, mon veston, les prospectus et manuels d'explication dont on m'a chargé à la hâte. Les flux denses de la foule nous emportent, nous séparent. Elle fonce bille en tête, j'entend mal son cri où elle m'explique qu'il faut nous presser avant la séance, un protocole compliqué et notre lieu de rendez-vous. Les tapis rouges sont une montagne derrière laquelle elle a disparu, une dune immense de sable brun où je m'enlise plus encore à chaque pas.
Dans mon coeur qui s'emballe il y a une panique qui grandit au fur et à mesure que je comprend que je n'y arriverai pas. Et la boule qui est là grossit, grossit, m'étouffe, et j'ai tout le mal du monde à contenir le volume du cri que je tais. Je l'aime. Je l'aime. Je l'aime.
Je porte sur mon visage défait les restes brisés du champ des possibles. L'ouvreur qui est charmant, porté à mon secours, s'amuse de mon air déboussolé. Je dois avoir l'air si pathétique qu'il me prend sous son aile. Il me confie les secrets des Italiens, pourquoi sont-ils si sûrs, et si décontractés.
La sensation d'une larme séchée au coin de l'oeil, cet acte manqué tordant mon ventre de peine, mais fort de ces enseignements l'espoir revit et c'est plein de lui que je me réveille. Et depuis ce matin l'émotion me tient.

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6/12/2008 Frame test
26/12/2008 Two drawings
31/12/2008 notes