English
 

aurore

Friday 1 May 2009
[...]
Pendant cette soirée, imprévue, improbable, je me tenais plus droit que d'ordinaire, plus sûr, plus confiant certainement. Observant avec un pas de recul les délires des humains, leurs pores plein de sueur, leur pupille pétillante voilée par le poids d'une paupière supérieure plus pesante qu'il le faudrait.
Tous ceux qui se frôlent, se butinent comme les antennes des fourmis, échangeant des mots, des prénoms oubliés la seconde qui suit; tout ceux qui là, s'évadent, vers une nature plus humaine, ou bien plus inhumaine, le temps d'une emprise alcoolisée_mais qui n'en font rien.
Je crois en la conscience des êtres. En cette substance enfouie, sédiment spongieux absorbant les éclaboussures avant qu'elles ne tâchent, couche valeureuse de raison et de vrai.

Oui nous sommes beaux
Abandonnés, mais beaux. Et je souris à ce visage tenu dans mes deux paumes, et l'embrasse, dans le cou, pas sur les lèvres. C'est un autre sourire qui étend vers moi ses commissures, que je pourrais saisir, et saisir encore, indéfiniment, dans ces songes dont je n'ai jamais honte; un chapelet de dents pour lesquels je n'aurais pas, comme là, le goût âpre du tabac. Des yeux noirs, ouverts grands, qui ne jugent jamais, qui voient trouble mais savent sans demander.

...

Tuesday 14 April 2009
Les éléments se rassemblent et bouillent au fond du ventre. L'énergie vitale, celle de créer, se bat avec l'apathie d'un corps qui se refuse. S'endormir tout habillé, trou noir et sourd, pour engloutir les restes d'une après-midi dans un sommeil de plomb. Puis le réveil soudain, désorienté, avec le soleil couchant d'une ville étrangement vidée; les crayons, l'odeur du bois, le tracé des formes recommencées sans cesse, sur le papier criblé de la morsure des mines dures. Les voix mêlées des amants disparus, Jeff, Liz, portent les pensées vers des strates célestes où tout est plus léger, plus profond à la fois.
Ecrire à ceux qu'on aime qu'on les aime. Leur dire que c'est à eux qu'on pense quand tout ne va pas bien.
070914 sep
Dernièrement j'ai fait de la sculpture. Le bois, c'est la tétine de mon enfance, l'essence originelle, et je me demande comment ai-je pu attendre si longtemps avant d'acheter ces ciseaux et ce morceau de planche. Graver des motifs, sans but aucun, sans autre raison que d'appréhender la matière; vider le cerveau et accéder au réel. La chair d'un l'arbre, quoi de plus tangible, quoi de plus vrai?


Sculpture

notes

Wednesday 31 December 2008
Ëlle est morte, je l'ai tuée en moi avec le sort qu'il convient de réserver aux sorcières.
Long voyage, avec pour objet la question du désir; là, au loin à l'Est.
Son coeur de toute manière était déjà charbon.

M'entourer de petites muses
Dont les yeux souvent clairs s'ouvrent toujours en grand, et s'ornent de pépites




Je me laisse porter, dépossédé et las, dans le picotement à peine plus perceptible des actes tragiques des unes.
Ange, tu n'as plus de sexe.

C'est peut-être soudain, dans les fumées blanches et les basses rondes qui font bondir les ventres à l'unisson, aux milieu des sourires perlés de sueur, que l'on se donne pour de vrai. Au théâtre de la superficialité, où viennent se jouer les paraître et se miser aux enchères les expectatives fabuleuses de tous les timides, ici le plus piètre des danseurs sait qu'il devient sincère à l'instant où son corps lui échappe et devient la marionnette du rythme. Et l'extase presque, quand le bonheur incontrôlé nous fend la face en air de bon idiot et le museau se tend vers le ciel pour dire merci, mon Ciel, mon Dieu, mes Rampes de Spots.
Dans les brumes opaques et le crépitement des flashs ton visage disparaît, tu parviens je ne sais comment à deviner sur mes lèvres un "tu es où?" aussi fasciné qu'inquiet, alors tu surgis, radieuse, des nuages et tes deux mains se plaquent parfaitement aux deux miennes et les tiennent écartées c'est l'instant que j'aime le mieux... mais sans savoir qu'en faire...



je n'attendais rien qu'un gros chanteur de gospel américain venu me conter Brighter Day, et il était là au centuple, le rond Kenny et sa voix fluette aux messages de paix, et puis ses grosses mains qui tiennent alors les miennes

Mercredi 31 - Dernier rêve de l'année

Nous nous retrouvons dans ce bâtiment gris, plutôt désert, comme après le travail gris d'une journée grise et normale. Nous avons beaucoup à nous dire, après tout ce temps, mais nous sommes prudents l'un envers l'autre. C'est normal puisque nous nous connaissons si peu, mais si bien au fond, et ce moment nous l'attendions comme une évidence des desseins, sans connaître l'heure de sa venue. Nous parlons comme deux amis, sincères et attentifs, et notre calme me plaît. L'instant se prolonge dans les dédales gris, et ta présence s'intensifie jusqu'au moment ou l'inconscient s'emballe et que tout dérape. L'immeuble se rétrécit jusqu'à cette maison de campagne délabrée, mais sereine, au milieu des arbres, c'est une après-midi d'une étrange lumière jaune. Le vent se met à souffler en tempête, les portes sous la poussée menacent d'exploser. Je contient tout ce que je peux, forçant tel un titan sous le poids de l'ouragan qui menace par toutes les ouvertures de violer la quiétude de son sommeil, dans la pièce adjacente, sur le canapé de fer forgé.
Dans ma lutte elle surgit alors, toute menue sous l'étoffe légère, embuée de sommeil elle frotte ses yeux et s'enquiert des événements qui lui semblent étranges. Je tais comme je peux la souffrance de ma lutte, et là elle vient enserrer mon grand dos de ses bras candides et pleins de l'indolence de la sieste. Alors mes muscles cèdent et la porte vole en éclat, et les rayons aveuglants d'un soleil immense de mois de Juillet envahissent la pièce comme un bonheur violent. Il pleut des éclats de rires.
Nous partons dans un élan délirant. Elle veux m'emmener au cinéma, elle a choisi le film et le lieu. Nous voici à Rome et le cinéma est un palais immense où se presse la foule par milliers. Les billets qu'elle choisit sont pour Clockwork Orange, dans la plus petite des salles, là-bas au fond. J'ai du mal à tenir mon ticket, mon veston, les prospectus et manuels d'explication dont on m'a chargé à la hâte. Les flux denses de la foule nous emportent, nous séparent. Elle fonce bille en tête, j'entend mal son cri où elle m'explique qu'il faut nous presser avant la séance, un protocole compliqué et notre lieu de rendez-vous. Les tapis rouges sont une montagne derrière laquelle elle a disparu, une dune immense de sable brun où je m'enlise plus encore à chaque pas.
Dans mon coeur qui s'emballe il y a une panique qui grandit au fur et à mesure que je comprend que je n'y arriverai pas. Et la boule qui est là grossit, grossit, m'étouffe, et j'ai tout le mal du monde à contenir le volume du cri que je tais. Je l'aime. Je l'aime. Je l'aime.
Je porte sur mon visage défait les restes brisés du champ des possibles. L'ouvreur qui est charmant, porté à mon secours, s'amuse de mon air déboussolé. Je dois avoir l'air si pathétique qu'il me prend sous son aile. Il me confie les secrets des Italiens, pourquoi sont-ils si sûrs, et si décontractés.
La sensation d'une larme séchée au coin de l'oeil, cet acte manqué tordant mon ventre de peine, mais fort de ces enseignements l'espoir revit et c'est plein de lui que je me réveille. Et depuis ce matin l'émotion me tient.

Violette

Tuesday 29 April 2008
Comment faire
autrement que de t'écrire

Je n'ai pas été différent d'un brouillard informe. Incapable de lucidité, comme traversant des insomnies; cherchant la solitude comme on cherche le sommeil, la seule prescription qui puisse nous rétablir
Mais on paraît incapable de l'atteindre
Oui c'était un rêve, avec toute son inconsistance. Parfois il avait le réconfort des caresses, des moments de quiétude, de bras fébriles qui me cherchaient dans la torpeur des nuits
Et il nous tenait là, dans le demi-sommeil
Parfois il était la fureur des corps qui s'emmêlent
reprenant tous leurs droits de vivants
à même la Terre.


Un secret est un refuge où l'on se tient blotti à l'opposé du monde
Où l'on est peut-être libre, peut-être prisonnier
C'est en lui que je prenais peu à peu mes repères
et là aussi que je perdais pied


Un soir étrange nous rêvâmes que sous ton ventre, sous ma paume, il y avait la Vie
et j'ai mis du rose dans mes toiles grises.
Le hasard était grand, fantasque, et délirant et fou
Sitôt donnée sitôt prise
La pluie derrière les vitre coule de ces mêmes larmes que tes joues retiennent avec rage
J'étais là mais il fallait que je m'agrippe à ton courage
_ton positivisme délibéré
Tu es folle tu sais ? Mais tu te tiens plus droite que moi



De ce serment de ne jamais se blesser restent des illusions rompues. A l'endroit où se heurtent tes paradoxes et mon obstination à comprendre, mes angoisses et le temps qui te brûle, c'est un bonheur imaginé qui cesse, et la place laissée libre à la réalité d'une boule de peine.
Et si je m'accroche à nouveau à te manière d'avancer, alors je te dirais
Reste
Ou encore
il faut écrire

The convenience of having ennemies

Wednesday 19 March 2008
I saw him.
_ my best enemy.
It was one of those casual mornings, during my new routine consisting in traveling from home to the office every day by tram. Past ten in the morning, the crowd gets sparse and only made of the retired persons, the slow-waking students, or the high-inertia freelance guys like me I suppose. A cloudy and quiet moment five years after I casted that purse on him, urging him to never cross my way.
I saw him by the window, walking calmly across the large, empty Pey Berland square, alone and serene under the protective gaze of the immense cathedral.

I remember back in time. He was the ideal suspect, not high enough in the hierarchy of friends to get sacrificed without too much loss. I realized much later, when time had passed and I had grown to minimize the sorrow of defeated self-esteem, that I needed him, to provide me with the comfortable reason for my own failure.
And it's been five years now.
I look at my best enemy by the window as the tram slides along the large curve surrounding the square. The same man as before, with the same inexpressive face. I want to feel pity ( anger has faded away long ago ). Instead comes a seemingly excitement, and suddenly, staring at the silhouette walking, I realize that some admiration sustains my look. Or is it fascination for my only enemy? I look away like caught in the middle of a vicious mania, and concentrate for some old anger to resurface and wipe out that feeling. I have my pride, you know.
I should be ashamed to ever show that I care the slightest bit. It's been five years now. Curse over. He's right on time, there walking before my eyes, while I'm trapped behind the glass window; the man to which I had promised a punch in the face is right on time, after five years, to remind me how much he succeed where I failed.

Now,

Thursday 17 January 2008
Happy new year everybody !





Tuesday 17 July 2007
Il y a ceux qui nous rappellent aux moments d'autrefois, ceux qui ont compté plus les autres. Des souvenirs heureux, comme un vent d'été folâtrant doucement dans de longs cheveux blonds.
Les jours s'écoulent, on les laisse passer avec cette belle insouciance comme à l'égard des choses qui ne changeront pas.

Je suis content pour vous
tu seras heureuse.

Les mots sont gros dans un gosier qui s'étrangle. Il me faut juste un peu de temps, et j'aurais beau dire... avec le bonheur des autres c'est un bout de soi qui part.
Mais je le pensais.
Vraiment.

Endormie

Sunday 14 January 2007
Elle s'endort, enveloppée de blanc.
Derrière son visage apaisé elle semble pourtant soucieuse.
Qui est-elle. De quoi ses rêves sont-ils faits. Mon regard posé sur elle me semble un peu volé.
Je n'ose pas la regarder.
J'aime ses yeux qui s'étirent lorsqu'elle sourit, le jour.
Là, elle me rend tendre, mais me fait un peu peur.



Elle s'est réveillée, avec une toute petite voix à peine perceptible.
Ses yeux se sont étirés quand elle m'a sourit bonne nuit, puis ses pas ont effleuré le bois de l'escalier qui plonge vers nos chambres, sans même le faire craquer.


Je me sens bien ici.
Je me sens chez nous.

Leaving

Friday 5 January 2007
070105_1070105_2
It's weird how leaving this apartment I've been living in for 3 years is giving me a melancholic feeling. I really had enough of this place, and therefore I had decided this move for a long time. Now that the day have come, each piece of furniture that I'm removing reminds me of the moments attached to it.

This place has been, somehow, the shelter inside my exile. I had never really bared the city and the surroundings. The view from the third floor's balcony wasn't something one could call beautiful. It was grayish, tasteless, uninspiring, thus I've always had a tendency to shut the windows and live confined between those walls, with my paintings and my inner visions. With time this apartment turned into a painter's workshop. When I think about it, I have painted seven canvas there _ almost all of them. Not a lot of people have passed that door, but those who came hav approached closely my artistic cell, and somehow, played a role in it.

At last. This isn't that easy to deconstruct piece by piece this little universe. Somehow, it was the symbol of my resistance to the void and the gray that resided outside; this place has accompanied me all along my interior quest; and here, through those endless moments of loneliness, through the music that was played, and with the ones that were beloved, I've learned so much about myself. I've found how rewarding were the struggles, the pains endured, the doubts, when eventually you become your true and sincere self _ and not what the outer world urges you to become.

I've hated that place. As contradictory as it might sound, the rage I felt towards its emptiness, its cold, has pushed me towards a better me.

Exile, I'm leaving you.
But I thank you too.
I've been lonely but safe. I felt angry but loving too.
I'm leaving you and I am freed.
I'm a bird.
Except that now,
I am able to fly.



L'étrange accord des coeurs entre-tués.

Saturday 23 December 2006
Etrange comme les coeurs, sauvages, incompris, déchirés ou meurtris peuvent changer encore. Dans la somme des peines, dans le feu de nos démons et pour peu que le temps passe, on se souvient et l'on comprends peut-être.
Il y eut ces étés et ces hivers loin de nous, loin de tout, et ce lit grand et froid où l'on fermait les yeux avec pour seule compagnie la pensée de cet autre, absent; aujourd'hui seulement il nous semble, alors qu'aucune convenance ne nous relie encore, que l'on parvient à toucher du doigt notre âme.
070213 Jo Pink Stripes 1 - censored070213 Jo Pink Stripes 2 - censoredC'est comme un soir d'orage
Sous un ciel bas et lourd
(Oui, c'est du Beaudelaire.. )
Et ce grondement sourd
Comme un sombre présage

Tu es là dans mon dos
A souffler doucement
Ton ventre sur ma peau
Palpite lentement

Le plafond ténébreux de colère et de rage
Qui eût dû s'éventrer pour libérer enfin
En trombe déferlante une pluie de chagrins
Est resté gris et sage

Et je garde dans moi ce douloureux tissage
De questions sans réponse et de pensées sans lien
Qui masque à ma vue les traits de ton visage
Qui me lie, m'emprisonne, qui loin de toi me tient

Tu es là, endormie,
Un sourire serein, tu respires à demi
Dans le creux de ta paume je dépose ma main
Et m'en vais te rejoindre dans ce pays lointain
Ici je m'abandonne
Au bonheur de l'oubli


Il y a si longtemps je t'écrivais des poèmes, comme celui-là, un soir de novembre 2004; les lirais-tu autrement aujourd'hui?
Lorsque parfois, au hasard de nos vies, ton ventre vient se poser contre mon dos, et que le parfum de ton cou vient apaiser mon être, le temps d'une heure, d'une moitié de nuit, je sais que tu es là.
Tu as toujours été là.
<>
May 09
MTWTFSS
27282930123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031
1234567
1/5/2009 aurore
4/5/2009 cloche pied + croche pas
25/5/2009 absolution in stone