French
 

l'eau qui dort

Jeudi 7 Septembre 2017

Aujourd'hui dans mon garage, je fus saisi de l'intention d'écrire ; ce n'était pas bon, mais c'était là ; quelque interstice mal scellé ou mis à mal par les émotions de ces jours derniers aurait laissé filtrer cette pulsion qui me fit empoigner un gros crayon de charpentier et griffonner sur un bout de carton couvert de sciure, d'un trait, ces mots :

Je m'observe et pense
que se dépose sur nos vies
le voile pâle du temps
Si le monde brûle
et les hommes sont en colère
je n'ai en mon coeur
que de vastes prairies
celles d'autrefois, teintées d'enfance
Couvertes de fleurs sauvages
Libres et effrontées.
Nul ne saurait pourtant
cueillir chaque pâquerettes, chaque trèfle
et le chérir
Je ferme les yeux, referme mes pensées
Allongé dans la mousse
Et la rosée éteint
mon âme passionnée


Voilà une excuse bien facile, mais s'il fallait remonter l'immense pente de la négligence artistique il faudrait pour le moins accepter un pardon à soi-même...

Clairvoyance

Vendredi 6 Décembre 2013
J'aime la nuit; j'aime ce froid.
Enfiler un vieux manteau de laine, ouvrir la fenêtre et plonger mes pensées dans son silence. Peut-être, y brûler une cigarette.
J'aime les nuits froides d'hiver qui me laissent me retrouver un petit instant, le temps que se consume le tabac comme un sablier incandescent. Parfois, si le plaisir de l'évasion semble trop éphémère, je retourne le sablier une seconde fois.
Une toute petite fille, dort. Je ne risquerai pas de troubler son imperceptible respiration de bébé de mes relents de fumée.
Une jeune femme dort aussi, et j'irai dans un moment dégager les boucles brunes de son oreille pour lui chuchoter
que je l'aime.
Les visions courent vers le loin, entre les immeubles assoupis et les arbres noirs, libres, lucides soudain.
J'aime la nuit, j'aime ce froid.
Ici, je m'entrevois.

The mood to write

Mardi 30 Juillet 2013

This blog looks abandoned.

At first I lacked time, but then, when the cat died, I had lost the mood.
There would be things to tell, and others to show. Not plenty, but enough to fill up an entry each month, like I used to, like I did for seven years.
There is a painter in me that strives _and a man in me that's growing ready too_ for being reborn.

Blog, I see you soon.

La coeur à la sieste

Jeudi 2 Février 2012
Je me suis étendu sur le lit, la face la première. Je n'avais retiré que ma veste, ai dormi un quart d'heure, vingt minutes au mieux, tandis que le soir installait lentement sa pénombre dans la pièce.
Au réveil je ne me sentais plus vraiment réel. Une situation, fut-elle sans problème, revêt une allure angoissante dès lors que l'on ne sait plus qui l'on est.
Mon téléphone était resté en suspens sur cette case vide, une réponse de moi que je ne parvenais pas à écrire, depuis le matin. J'ai rédigé lentement, pris dans le renfrognement d'un demi sommeil encore lourd, un message cruel.
Je suis un menteur, et je ne parviens pas à m'y reconnaître.
L'air extérieur se précipite sur le visage et le saisit. Une pluie fine le compose, qui se fige en minuscules auguilles avant de percer la peau ou de saupoudrer les rues. J'achète au tabac qui s'apprête à fermer un paquet pour n'en fumer qu'une. Prétexte, sans doute, à une circulation sans but défini, dans la petite ville silencieuse qui a pris ses congés d'hiver.
Au bord du lac Léman, dont on ne distingue que la masse vide et noire le long de la jetée, les ingrédients des lumières, de la neige, de l'opulence ancienne d'une architecture Art Nouveau et d'une ville balnéaire figée dans le gel produisent une sensation surréelle, qui ne parvient pas vraiment à me sortir de mon état obtus.
J'ai allumé la cigarette au sortir d'une visite superficielle du hall d'entrée du Palais Lumière. Ces décors sont beaux, assurément, il est une magie certaine dans ma déambulation solitaire, mais je ne la ressens qu'à peine. Les pas qui s'impriment dans la neige témoignent de mon privilège, et pourtant.
Retour par de petites rues où les âmes sont rares. Tout est étrange, je suis toujours ce même menteur, mais le froid cinglant qui s'est emparé de celle des deux mains qui alternativement actionne le mégot, celui-là n'est pas un mensonge. Bonheur de sentir que la mission jusqu'ici indéfinie accomplit son but, celui du retour à la réalité charnelle, à l'expérience douloureuse, exaltante, des éléments et des sens qui composent le vivant. Presque, parviens-je à regretter de n'avoir pas emmené mon reflex en balade.
J'étais gelé en revenant à l'hôtel.
Je reprend la grosse clé de bois au crochet du casier 38. Hier soir, ici, m'attendait une lettre. Un courrier d'une main jeune, et qui tremblait sans doute.
Menteur. Menteur que de faire croire que je puis aimer encore.
A la petite table de bois, sous l'abat-jour rustique, j'écris.

The Fool

Vendredi 7 Octobre 2011
J'aime l'hiver. J'aime ce froid.
La fumée d'une cigarette est un feu de bois,
et cette musique me tourne la tête.

Octobre enfin, le premier soir de l'hiver. Comme il s'est fait attendre!

J'ai défait les palettes dont les tâches de couleurs s'étaient figées en une matière plastique, de petits tas tous justes sortis des tubes et déjà abandonnés. En passant la main il y avait même une couche de poussière.

Nettoyer les godets, se souvenir de mes pigments fétiches, les appliquer un à un, organisés comme autrefois, sur la feuille vierge et lisse. En haut, à gauche, le blanc transparent. Au milieu la base chair pâle. Une laque de garance, un ocre, un bleu roi. Le noir, en haut, à droite.


J'ai été peintre. Je le sais, c'est au fond de moi.
Je me sens maladroit. Je ferme les yeux et respire. Souviens-toi!

Et cela remonte comme une sève qui aurait hiberné un été, le long des membres, au fil des doigts, cela se prolonge lentement dans les fins manches de bois, puis les poils un peu raidis qui s'ébrouent, se gorgent de la mollesse des jus, reprennent lentement de leur vie.

Cela gronde, cela brûle, cela jouit!

Je reviens ma peinture ! Je reviens avec l'hiver me blottir dans tes rêves, je me sauverai avec toi. Je rachèterai dans ta chair la haine ou la peine de tous ces derniers mois. Nous nous blottirons sous la couette, ton épiderme et mes mille caresses.
Ton pardon. Ma patience irraisonnée.

she left today

Samedi 27 Août 2011

Jolita..

comptine légère pour coeurs gros

Samedi 18 Juin 2011
Michaël a attendu 2H du matin, l'heure qu'elle lui avait donné. Il s'est rendu devant le bar anglais, a parlé avec le vieil Andy qu'il adore. Mais la compassion qui se dégageait était plus mordante qu'une lame, et Michaël est resté là, planté. Il n'a pas pu entrer dans le bar. Il s'en est retourné sous le silence et la pénombre de ses voûtes de pierre. Il s'est couché face vers le banc, pelotonné sous sa capuche aubergine et a laissé se vider un bien gros chagrin. Le chaton venait lui grignoter le nez, grimpait sur sa tête pour s'y installer enfin et s'endormir après un long ronron. Puis Michaël s'est ressaisi et s'est levé. Par la porte qu'il avait oublié entrouverte il a senti des pas s'arrêter, et s'est souvenu que le Vcub était resté posé sur sa béquille sans cadenas. Les pas ont eu un air gêné, et le temps que la porte s'ouvre ils s'échappaient maladroits sur les pavés rustiques de la rue du Couvent, dans le froufrou d'une robe en Polka Dots noire et blanc. Il faisait silence et Michaël a perçu les reniflements qui ponctuaient la marche des escarpins un pas sur quatre. Alors il a appelé. Mademoiselle. Mais la silhouette ondulée, la voluptueuse silhouette chagrinée s'est enfoncée dans la nuit des réverbères et le virage l'a happée.
Michaël a posé sur son nez ses lunettes de vue spéciales yeux bouffis, a mis le chaton (peu coopératif) dans le sac en lui disant qu'on rentre à la maison, a fermé rapidement le bureau et a pédalé en direction des pas _ la même que le bar. Il est passé devant le porche d'église où une ombre recroquevillée comme une chauve-souris, mais à l'endroit, se tenait assise. Il n'était pas certain, mais il l'était presque. Alors il a arrêté sa course en freinant avec la semelle, et est venu lui parler. Elle a d'abord décliné très poliment en faisant mine de partir, et c'était bien naturel, car un porche d'église dans une ville déserte se doit de sembler inquiétant, au milieu de la nuit. Il l'a retenue par une phrase douce. Ils se sont assis tous les trois, deux coeurs en petits bouts et une petite boule d'amour qui enfonçait son minois dans les plis de la robe. Ils ont raconté leurs malheurs un moment. Ils se sont levés et la demoiselle, for élégante sans les sanglots, lui a dit merci, car je vais beaucoup mieux. Lui aussi, de fait, allait beaucoup mieux. Ils se sont serrés fort et ont souhaité une bonne nuit. C'est ainsi que Michaël a rencontré ...
Louise.

Pensées jetés

Jeudi 25 Novembre 2010

un mot abandonné retrouvé sur un petit carnet, 10 Octobre 2009, écrit-il

Toi qui me dis que tu apprends le français, et qui re-demandes ce tatouage de ma griffe à graver dans ta peau. Tu sais peut-être déjà que je ne le peux pas, mais tu essayes encore, tentant comme tu le peux, de ta petite voix, de ton grand Lointain, de me rappeler à Là où je peux encore donner quelque chose de fort, de l'ordre de l'esprit et de L'Amour. Petite fée, joli minois, tu es encore ici la Reine de tous mes rêves, l'appel vers les contrées où l'on n'existe qu'enveloppés de Lumière.
Pourquoi le Pragramatisme, garant de notre pain et de ce fait, de notre survie, est-il aussi de notre Humanité le plus grand ennemi ?

Toi qui voudrais qu'ensemble on s'élève, mais tu ne sais sans doute pas que s'élever vers un Ciel c'est un acte de Chute, car il nous faut tomber.
Tomber Amoureux. Tomber dans la tombe, tomber des étages, les dessous, le fond des êtres, tomber la veste, tomber dans l'excès.

Et contemplant ma fenêtre je pourrais sauter d'un étage juste pour affirmer que je sais combien il est beau d'être vivant, mais être vivant est le plus souvent interdit;
La gorge se serre en même me temps qu'un râle sourd, que la rage de crier, pour tous ces jours que j'ai laissés à l'abandon, alors que l'on peut vivre si fort si l'on ne craint plus les frontières de nous-même.

Pourquoi faut-il hélas que je me saoûle pour écrire ces quelques mots ?

Et puis finalement, avec un peu de recul, le grand lointain, ce n'était pas si loin.

Hélicoptère

Samedi 28 Novembre 2009
Je suis tombé de fatigue à neuf heures du soir. Sans doute la soirée de la veille: contre-coup. Il y avait une petite bougie et moi, tout habillé avec mon gros pull et mon blouson sous un bout de couette, j'ai sombré comme une masse.

Je bavardais avec un ami; il attendait sa belle, je guettais ma douce.
Dans un rêve toute absurdité paraît naturelle, aussi arriva-t-elle dans un gros hélicoptère. Celui-ci déchargea deux personnes, et je montai à leur suite. Elle était sur un des lits, avec un air souffreteux, pressant avec autorité les deux médecins affairés pour qu'ils s'occupent de sa migraine. Je posai mes affaires, m'assis, la fixais de mon meilleur sourire. Elle ne me vit pas.

La soute s'était refermée, je sentis la poussée en mon ventre lorsque la machine s'éleva dans un nuage de poussière grise. C'était une cour intérieure bordée de haut bâtiments qui formaient un puits rectangulaire. Le pilote prononça un juron sur un ton trop calme pour être optimiste lorsque la machine se déporta de trop sur la gauche. Un fracas de pales, la terreur stupéfaite des passagers figée dans un cri estomaqué. Ce fut très rapide et à la fois assez lent pour sentir l'effet grisant de la chute. Je me suis réveillé au moment où le sol de la cabine ramenait mes boyaux au niveau de ma gorge.
Je restai un moment, le coeur dans la poitrine battant violent et sourd, à savourer cette présence, puissante, vivante, de la sensation de mourir.
Je peux saisir la pertinence de la scène, c'est la continuité naturelle de cette manie, surtout en période de recherche et de conceptualisation de mes projets peinture, qui me fait traduire tout ressentit abstrait en figuration symbolique _ ce que l'inconscient du rêveur pratique à merveille.
Par contre, où va chercher notre cerveau cette mixture aussi détaillée qu'extrême, ce cocktail violent d'informations sensorielles qui nous feraient vivre la mort telle une gifle de vie, avec autant de réalisme?

Peut-être,
peut-être il se rappelle la sensation d'aimer.
090724 Billet Doux Photographie par Michael Zancan avec Claire Delmas

Page remains

Lundi 2 Novembre 2009
A handful of moments when you and I were here. Oh, really, were we. What is left got me saddened; that worked so well on paper, yet never passed your doors.
You asked why I'd sit on the floor.
Reaching out for a higher level of consciousness you must give up some comfort.
Or I enjoyed the point of view. Pretty, view.
Croquis Claire
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sept. 17
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7/9/2017 l'eau qui dort
25/9/2017 La première pose